Lutte contre le cancer : des chercheurs créent une molécule capable de « tuer les cellules réfractaires aux médicaments »
Le chercheur Raphaël Rodriguez était l'invité de France Inter ce jeudi. Avec son équipe, il vient de découvrir une molécule qui pourrait éliminer les cellules métastatiques.
Une avancée primordiale
Avec Raphaël Rodriguez, chimiste, Directeur de recherche au CNRS, chef de l’équipe chimie et biologie du cancer de l’Institut Curie.
Raphaël Rodriguez, directeur de recherche au CNRS et chef de laboratoire à l’Institut Curie, et son équipe spécialisée dans la lutte contre le cancer sont parvenus à créer une molécule capable de « tuer les cellules réfractaires aux médicaments qu’on utilise aujourd’hui », explique-t-il ce jeudi sur France Inter. Leurs travaux sur l’élimination des cellules métastatiques ont été publiés dans la revue scientifique « Nature » le 7 mai dernier.
Aujourd’hui, les médicaments utilisés dans la lutte contre le cancer ciblent « la tumeur primaire, parce que ce sont des cellules qui prolifèrent vite, mais une faible fraction de cellules sont plus dormantes, prolifèrent moins, et sont donc réfractaires aux médicaments et ont cette capacité à migrer dans l’organisme ». Ce sont elles qui forment des métastases.
Raphaël Rodriguez travaille depuis 13 ans avec ses équipes sur ces cellules résistantes afin de trouver une manière de les « cibler ». Ils sont parvenus à comprendre que ces cellules réfractaires, pour résister aux traitements actuels, « ont besoin de plus de fer et plus de cuivre ». « C’est leur force mais aussi une faiblesse car le fer et le cuivre sont des métaux qui rouillent », explique le chercheur. « On a une petite fenêtre de tir, un moment où les cellules vont avoir plus de fer. On sait où est ce fer, on sait ce qu’il va faire, donc on a inventé une nouvelle molécule qui permet de capturer ce fer et de décupler sa capacité à oxyder les membranes et à tuer la cellule. »
« Je dédie ma vie à ne faire que ça, donc j’y crois »
Cette nouvelle molécule a déjà été testée sur des biopsies de patients atteints de cancer du pancréas ou du sein et les résultats sont positifs : « On voit que cette molécule arrive à tuer ces cellules qui sont réfractaires aux médicaments qu’on utilise aujourd’hui en clinique. »
La prochaine étape est de trouver des financements, « l’infrastructure et le personnel qualifié pour le développement » d’un nouveau traitement. « Développer un médicament, c’est difficile. Ce n’est pas parce qu’on a une molécule qui marche dans des modèles pré-cliniques avancés qu’on pourra en faire un médicament parce qu’il peut y avoir plein de choses qui font que ça ne marchera pas chez l’homme, les produits peuvent être instables, trop toxiques, etc. », souligne Raphaël Rodriguez. Mais « je dédie ma vie à ne faire que ça, donc j’y crois », conclut-il.
Interview France Inter du 22/05/2025
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