Cancer de la prostate : en finir avec le tabou !

Un homme lors d’une visite en urologie dans un centre hospitalier (Photo Adobe Stock)

« Messieurs, de vous nous savons peu de chose. Les femmes ont l’habitude de s’exprimer, discuter, s’échanger des conseils, des astuces et des témoignages. Vous, – comment dire ? – moins … » écrivait Béatrice Lorant, directrice de Blu Magazine, un essai de nouveau media, lancé en 2016 à destination des hommes concernés par le cancer, et édité par Rose Association, structure éditrice de Rose Magazine, un support destiné aux femmes. Une tentative intéressante et qui n’a pas vraiment abouti et pour cause : chez les hommes, le cancer de la prostate ou des testicules, on n’en parle pas ou peu. C’est tabou

Et si les hommes n’osent pas en parler, même entre-eux, forcément ils ne lisent pas la presse qui peut les concerner, préférant se complaire dans le déni.

Et pourquoi refusent-ils d’en parler ? Parce que le cancer de la prostate fait peser un risque d’impuissance sur ceux qui sont touchés. D’autant que dans l’imaginaire collectif, les hommes impuissants sont souvent considérés comme des sous-hommes. Ce qui accentue le traumatisme des hommes touchés et leur désir de cacher leur maladie le plus longtemps possible, même aux proches.

Cette situation angoisse les hommes, au point que ceux qui ne sont pas touchés, n’osent pas en discuter avec les malades, préférant ne pas savoir ce qui les attend lorsqu’ils y seront un jour confrontés. Et certains ont tellement peur de la maladie qu’ils refusent même de consulter, voire de se faire soigner quand ils sont mis devant le fait accompli.

Ce sont souvent les femmes, leurs compagnes, qui posent les vraies questions, s’inquiétant de la baisse de l’activité sexuelle de leur conjoint. Craignant pour leur couple, des hommes tentent de masquer la vérité. Certains préfèrent quitter leur femme de peur que celle-ci se moque de leur problème d’érection.

S’ajoute à cette situation, dramatique pour certains hommes, le fait que des personnes, effrayées par la maladie, préfèrent détourner leur regard de la personne touchée. Ce qui accentue la détresse psychologique dans laquelle sombrent certains malades, repliés, la plupart du temps sur eux-même.

Et pourtant des hommes réussissent à sortir du bois. La parole se libère, à l’exemple du Directeur adjoint de l’information de TF1, Jean-Pierre Pernaut qui a annoncé son cancer de la prostate et son opération à l’antenne. Ou encore l’écrivain Tahar Ben Jalloun, concerné également et qui a fait de son cancer un roman : « l’ablation ». D’autre préfèrent avouer quand le spectre du cancer et des difficultés sexuelles se sont éloignés. C’est le cas du journaliste sportif Patrick Chêne, touché par un cancer de la vessie lequel a parlé de sa maladie et de ses difficultés une fois remis sur pied.

Alors que s’ouvre Movember, le mouvement international qui tente, à l’instar d’Octobre Rose pour les femmes, de mettre le focus sur les cancers masculins, il reste encore beaucoup à faire pour que les hommes, osent s’exprimer sur leur maladie. De la pédagogie d’abord pour que chacun, malades comme entourage, apprennent à mieux vivre avec le cancer, n’en parlent plus à demi mot, comme s’il s’agissait d’une maladie honteuse. Il faut que les hommes apprennent à regarder la vérité en face, qu’ils osent sortir, aller vers les autres, et que les autres les acceptent, tels qu’ils sont. En parler, expliquer la situation, en sois c’est déjà une thérapie qui fait du bien à ceux qui ont osé franchir le pas. J’en parle en connaissance de cause.

Aider les hommes à en parler au travers d’activités sportives et culturelles, sur des terrains où chacun apprend à se respecter, à comprendre la difficulté que rencontrent les hommes, ni plus ni moins que les femmes, mais pour qu’ils osent enfin en parler et apprennent à mieux se soigner.

Moi-même touché et confronté à cette détresse, j’ai choisi d’en parler, sans attendre. C’est ce qui m’a conduit a créer l’association Cancer Osons, pour faire partager mon expérience et aider les hommes qui n’osent pas, à enfin franchir le pas. Ça fait tellement de bien de se libérer de ce fardeau.

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